Le 18 janvier 2011, lors de la conférence que je donnais au Cercle d’Ethique des Affaires sous le titre Ethiques et réseaux sociaux, j’ai détaillé un point qui, semble t-il, n’a pas été analysé ou trop peu.

Le philosophe Paul Ricoeur nous propose de considérer l’identité des personnes comme composée d’une mêmeté et d’une ipséité. La première est cette part de nous-même qui dit que nous sommes des « autres semblables à », que nous sommes comme d’autres, que nous appartenons à un groupe, etc. La seconde est la part qui dit que nous ne sommes pas comme l’autre, que nous sommes un autre, elle dit notre différence.

La mêmeté est alors soutenue dans les réseaux sociaux lorsque nous mentionnons notre appartenance à un groupe, une communauté. La seconde nous sépare, nous distingue. Je pourrai détailler encore tout ceci, mais je pense que les concepts se comprennent aisément.

On conçoit bien que la mêmeté est protectrice, à la façon du groupe qui accueille et protège ses membres. D’ailleurs, dans un réseau social, plus un groupe est nombreux, plus il est « fort », plus il « a raison » (il faut dire tout ça avec beaucoup de précaution).

L’ipséité, en revanche, parce qu’elle permet de se distinguer, peut aller jusqu’à opposer. Lorsque le membre d’un réseau social s’expose « du côté de son ipséité », il se met potentiellement en danger. En paraphrasant un célèbre dicton, on peut écrire « un membre de réseau social seul est un membre en danger » !