Cet article clot la suite de mes 7 derniers posts, il constitue une étude complète destinée à examiner si la pensée d’Hannah Arendt, telle qu’elle s’exprime notamment en 1958 dans la Condition de l’homme moderne vaut toujours dans notre monde contemporain.

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  • L’homme en relation, la genèse de la “Condition de l’homme moderne” d’Hannah Arendt
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  • L’homme en relation, la condition de l’homme moderne
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L’usage que l’homme d’aujourd’hui fait des nouvelles façons de communiquer engendrées par Internet (réseau social, forum, blog, micro-blogging, chat, etc.) l’entraîne vers une déformation ontologique majeure : être connecté, c’est exister. Mais il est permis de douter de la profondeur des relations humaines qu’elles instrumentent.

Lorsque le pas est franchi, lorsque l’information privée est communiquée et publiée dans Internet, lorsque privé et public se confondent au point de menacer l’identité de l’internaute et parfois même jusqu’à son existence, quel protection érigée ? L’internaute est-il un sujet à part entière ? Il peut présenter de lui quelques reflets, ces persona qu’il aura créées, il peut jouer avec la réception des représentations de lui qu’il saura mettre en œuvre et diffuser. S’il est un utilisateur averti, l’internaute saura habiter un monde reconstruit numériquement et il pourra se protéger plus ou moins efficacement.

Deux solutions se dessinent : la manipulation et l’éthique. La première cherche à objectiver un sujet, autant celui qui s’écrit, se décrit ou se montre que celui qui voit ou observe, un sujet destiné à cacher la personne authentique. L’éthique, elle se présente « comme le lieu et la condition de possibilité de la réhabilitation de l’individu en tant que sujet, de sa sortie en tant que sujet instrumenté et donc de la re-possession du soi comme sujet individuel. » (1)

Que ce soit la description de l’avènement de la société, des déplacements entre les domaines privés et publiques, ou de la disparition de l’action au profit des comportements, la vision d’Hannah Arendt demeure juste lorsqu’elle est appliquée au choc frontal des nouvelles technologies que nous connaissons depuis quelques décennies et que la philosophe ne pouvait certainement pas imaginer.

Cette confrontation a permis de confirmer que, malgré le caractère radical et extrêmement perturbateur que les nouvelles technologies de l’information et de la communication font subir aux équilibres de la société contemporaine, les fondamentaux décrits dans la Condition de l’homme moderne sont toujours valides.

(1) PATRICK BRUNET, Ethiques et Internet, St Nicolas (Québec), les Presses de l’Université de Laval, 2002