La classe politique européenne dénonce l’utilisation par les banques des  « algorithmes qui ont été développés sans intention de passer leurs ordres ». Depuis de nombreuses années, de nombreux ingénieurs de la finance et des mathématiques pures comme de l’informatique travaillent à bâtir ces outils très sophistiqués. Ils permettent d’automatiser le trading : c’est le « trading haute fréquence » (HFT, high frequency trading).

Le flash crash du 6 mai 2010

Le flash crash du 6 mai 2010

HFT, sommairement, de quoi s’agit-il ? Voici avec un exemple parmi d’autres. En 2009, Sergei Aleynikov, un russe émigré aux Etats-Unis, quitte Goldman Sachs pour un nouveau poste 3 fois mieux payé. Il est arrêté sur plainte de son ex-employeur par le FBI pour vol de code source d’un système de trading automatique basé sur des algorithmes mathématiques redoutablement efficaces lors des phases d’hyper-volatilité des marchés. Ces phases connues sous le nom de « vagues de panique » ou « phases maniaques« .

Les ordres sont de plus en plus nombreux à être placés automatiquement par les HFT dans la seule intention de leurrer les autres traders humains comme machines. Samuel Rondot, spécialiste des HFT, rapporte qu’ « un spécialiste Hedge Fund a comparé le nombre de titres négociés sur une journée de trading par rapport aux nombres d’ordres passés sur le marché : 1.3 milliards de titres échangés pour 87 milliards d’ordres passés ». Le nombre d’ordres passés en bourse est 60 à 70 fois plus grand que celui des titres échangés.

Les prises de position contre le HFT se multiplient. La France et la Grande-Bretagne accuse le HFT d’être à l’origine du « flash crash » de mai à Wall Street (une perte de 900 milliards de dollars en quelques minutes, voir le rapport de la SEC). La position française est claire.

  • Christine Lagarde, ministre de l’Economie, a déclaré jeudi 25 nov. « Ma tendance naturelle serait au moins de les règlementer, de les encadrer très strictement, et après analyse des avantages-coûts de ces méthodes, éventuellement de les interdire, en tous cas de donner la capacité à l’Autorité des marchés de pouvoir les interdire en cas de circonstances considérées comme exceptionnelles, néfastes ».
  • Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, a déclaré le 24 nov. devant la commission parlementaire que « La multiplication des dark pools et le trading à haute fréquence posent des problèmes et doivent être remis en cause ».
  • Jean-Pierre Jouyet, président de l’AMF, a expliqué que « si nous ne voulons pas nous donner les moyens humains, financiers ou techniques, alors je plaide pour que l’on bride ces activités ».

A Londres, où les HFT représentent un tiers des opérations sur le LSE (London Stock Exchange), Alexander Justham, dir. des marchés à la FSA (Financial Services Authority) a déclaré le 25 nov. « Il y a de nouveaux défis découlant de cet environnement (celui des HFT) qui doivent être gérés par les régulateurs. » Selon lui, le réexamen de la MiFID (Markets in Financial Instruments Directive) devra notamment contraindre davantage de sociétés à enregistrer et transmettre leurs transactions si bien que le régulateur aura un tableau complet du marché lorsque des incidents se produiront.

Je suis très intéressé par vos réactions. N’hésitez pas à laisser des commentaires. Merci.

Sources

http://tinyurl.com/2vcttp3

http://tinyurl.com/36dcr5y

http://tinyurl.com/36xmqse

Rapport de la SEC

http://www.sec.gov/news/studies/2010/marketevents-report.pdf

Vidéos

Une introduction http://vimeo.com/15687700

Une Interview d’Alfred Berkeley sur Bloomberg http://tinyurl.com/35e8pln

Une présentation par Paddy Hirsch http://vimeo.com/6056298