arménien

Unicode, pour écrire ou lire l’arménien

A la demande de l’Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (ACAM), j’ai partagé mercredi 3 juin au cours d’une conférence ma conviction qu’il n’est plus possible de communiquer en arménien, notamment sur Internet, par mail, dans les blogs, les sites etc. sans adopter définitivement l’unicode. J’ai déjà écrit plusieurs billets sur ce thème.

Ce mercredi 3 juin 2009, à 20h30 précises, sur la péniche Anako ancrée dans le bassin de la Villette, en face du 61 quai de La Seine (Paris 18e), nous nous sommes retrouvés nombreux. Les intervenants étaient Philippe Pilibossian, Gabriel Kepeklian et Haroutioun Khatchadourian.


Un peu d’épigraphie arménienne, page 6

Pour cette sixième page, passons maintenant à la troisième lettre : la lettre kim de l’alphabet mesropien, Գ.

a) Moi, Grégoire

Cette lettre apparait deux fois dans le nom de l’Illuminateur de l’Arménie. Nous la trouvons à l’initiale et au milieu du nom de Krikor (ou Grigor). Voici une première inscription où on peut lire ԵՍԳՐԻԳՈՐ, c’est à dire Ես Գրիգոր qui signifie « Moi, Grégoire »

b) Dadivank : Krikor

Dans cette autre inscription, on lit simplement le prénom Krikor, ԳՐԻԳՈՐ.

c) Noravank

J’ai déjà parlé de cette inscription qui figure aux pieds de l’ange Gabriel sur le tympan de l’église de Noravank. On distingue parfaitement le kim à l’initiale : Գ(Ա)ԲՐԻԷԼ.

Je n’ai pas trouvé, pour l’instant, d’exemple d’un kim pris dans une ligature avec ou sans badiv. En avez-vous déjà rencontré ?


Un peu d’épigraphie arménienne, page 5

Après avoir considéré la lettre pen Բ seule, je vous propose des compositions. Commençons avec S(OUR)P Ս(ՈՒՐ)Բ, ce qui signifie saint. Seules lettres initiale et finale sont gravées.

a) Etchmiadzin b) Geghard c) Geghard, 1855 d) Sainte Hripsimé e) Kecharis, Tsaghkadzor

On remarque que le badiv est présent en b, c, d et e où il couvre les deux lettres. Les quatre badivs ont des formes différentes. Les trois premiers sont tildés, b simplement avec des courbes, c avec une inflexion centrale très appuyée et d avec un point central qui a la forme d’une tête de clou. Le quatrième et dernier badiv est droit. En b, c et d les deux lettres sont, par économie ou par coquetterie, réunies pour former un système graphique complexe.

f) Etchmiadzin g) Etchmiadzin

Dans la même inscription, on trouve ici le nom au nominatif et au génitif. C’est l’occasion d’y observer la variation introduite par le graveur. Il semble qu’il ne veuille avoir que deux lettres sous le badiv, à cette fin, en f, il a bien dissocié l’initiale et la finale du mot. En g, elles sont réunies et permettent l’ajout du Յ qui marque le

h) Noravank

Cette dernière inscription figure aux pieds de l’ange Gabriel, à la droite de la Mère de Dieu assise et portant l’enfant Jésus, sur le tympan de l’église de Noravank. On y lit dont tout simplement le nom de l’ange Գ(Ա)ԲՐԻԷԼ. C’est un bel exemple d’ornementation complexe. Le graveur a réussi à inscrire 6 lettres sous le badiv, lequel n’est pas fait d’un simple trait mais d’un bel entrelacs.


Un peu d’épigraphie arménienne, page 4

Après les trois premières pages (1, 2 et 3) d’épigraphies arméniennes consacrées au aïp Ա, la première lettre de l’alphabet, je vous propose naturellement la deuxième lettre : pen Բ.

Commençons simplement par la lettre seule.

a) Ani b) Dadivank c) 1543 Khachkar, Etchmiadzin d) Geghard e) Etchmiadzin

a) Sur le mur d’une l’église à Ani, vers le Xe siècle

b) Sur le mur de l’église de Dadivank (XIIIe siècle), dans le Haut-Karabach

c) Sur un khachkar daté de 1543, conservé dans les jardins d’Etchmiadzin

d) Sur le mur de l’église de Geghard, une inscription relativement récente

e) Sous le campanile, à l’entrée de l’Eglise Mère d’Etchmiadzin, une inscription relativement récente

Peu à peu le caractère se dessine plus nettement comme nous le connaissons aujourd’hui. Si vous suivez les variations de la barre médiane de la lettre, vous reconnaissez progressivement la majuscule dans sa forme actuelle.


La formule pascale arménienne

Puisque nous sommes encore dans la semaine de Pâques, prenons la formule pascale en grabar pour la traduire précisément.

Քրիստոս յարեաւ ի մեռելոց
Օրհնեալ է Յարութիւնն Քրիստոսի

Détaillons la première ligne
Քրիստոս se lit Kristos et s’analyse ainsi : Christ, nominatif ou accusatif singulier, ici au nominatif car c’est le sujet
յարեաւ se lit hariav se s’analyse comme ceci : il s’agit du verbe harnem qui signifie se lever, se réveiller, ressusciter ; il est à la 3e pers. sg. de l’aoriste, ce temps est équivalent au passé simple ou au passé composé
ի se prononce i, c’est une préposition que l’on peut traduire de plusieurs façons, habituellement par en, dans ou de. Cette préposition commande le locatif, l’accusatif ou l’ablatif. La déclinaison s’applique au mot qui suit.
մեռելոց se lit mérélots, il s’agit du mot mérial qui se traduit par mort, il est soit un adjectif soit un subst., sa déclinaison indique le génitif, le datif ou l’ablatif pluriel, mais ici le sens est celui de l’ablatif et d’ailleurs la préposition qui précède ne laisse d’autre choix.

Et maintenant la seconde ligne
Օրհնեալ se prononce orhnial, c’est le participe du verbe orhnem, bénir
է se lit tout simplement è, c’est la 3e pers. Sg. du présent de l’indicatif actif du verbe être
Յարութիւնն se lit haroutioun’n, c’est le substantif suffixé de l’article défini (‘n), la résurrection
Քրիստոսի se lit Kristossi, c’est le génitif de Christ

Nous avons donc la traduction suivante :

Christ est ressuscité d’entre les morts
Bénie est la résurrection du Christ


Où apprendre des danses arméniennes ?

Après avoir publié l’article « Où chanter de la musique arménienne ?« , je dois complété avec « Où danser des danses arméniennes ? ». Des troupes de danseur sont présentes dans les grandes villes, et comme je ne suis pas au courant de tout, je compte sur vous pour me donner des informations complémentaires. Par avance, chnorhagaloutioun !

  1. L’ensemble Ani, à Paris
  2. L’école de danse Navasart, à Issy-les-Moulineaux
  3. La compagnie Yeraz, à Alfortville
  4. La troupe de danse Arakadz, à Valence
  5. La troupe de danse Araxe, à Marseille

La nouvelle version du corpus national de l’arménien oriental

La disponibilité de la troisième version du Corpus National de l’Armenian Oriental (EANC) a été annoncée aujourd’hui.

Le Corpus national de l’arménien oriental est une base de données linguistique de textes annotés en arménien oriental standard.

L’EANC, c’est :

  • un vaste corpus d’environ 110 millions de tokens
  • un puissant moteur de recherche pour faire des requêtes lexicales et morphologiques complexes
  • un corpus d’élève comprenant des traductions en anglais pour les tokens fréquents
  • un corpus diachronique de textes portant sur les textes de la SEA depuis le milieu du 19e siècle jusqu’à nos jours
  • un corpus mixte composé de ceux du discours écrit et du discours oral
  • un corpus annoté avec un marquage morphologique et méta textuel
  • un corpus à accès ouvert
  • une bibliothèque électronique avec un plein accès à plus de 100 titres arméniens classiques

Pour en savoir plus sur l’EANC et explorer ses fonctionnalités, visitez www.eanc.net. Tous vos commentaires seront grandement appréciés.


Un peu d’épigraphie arménienne, page 3

Voyons aujourd’hui comment sont notées les dates. Celles-ci se présentent sous différentes formes.

a) Noravank

Les deux premières lettres ԹՎ, surmontées d’un badiv, sont le mot թուական qui signifie « date ». Les trois lettres ՉՁԸ qui suivent sont la date. Չ vaut 700, Ձ vaut 80 et Ը vaut 8. Ce qui nous donne 788 selon le calendrier arménien, soit 788 + 561 = 1349 dans le calendrier occidental.

b) Garni

On reconnait bien les deux lettres ԹՎ, surmontées d’un badiv. Elles sont précédées de la date. Celle-ci est ։ՅԽԶ։ avec de part et d’autre des lettres le signe « : ». Յ vaut 300, Խ vaut 40 et Զ vaut 6. La date est donc le nombre 346 auquel il faut ajouter 551 pour obtenir 897 dans notre calendrier. Il y a deux différences avec le premier exemple a). Premièrement, le mot « date » est ici placé après le nombre ; deuxièmement, le nombre est placé entre « : ».


Un peu d’épigraphie arménienne, page 2

Voici une suite logique à ma première page publiée la semaine dernière. Je vous propose de poursuivre avec le mot Dieu que nous déclinons ici aux génitif, datif et ablatif singulier : Ա(ստուածո)յ notons qu’ici la finale « յ » est en majuscule « Յ », ce qui est normal puisque les lettres gravées sont pratiquement toujours des onciales (majuscules).

a) Geghard b) sainte Hripsimé à Etchmiadzin c) sainte Hripsimé à Etchmiadzin d) sainte Astvatsatsin à Noravank

a) Mur de l’église de Geghard

b) et c) Mur de l’église sainte Hripsimé à Etchmiadzin

d) Tympan de l’église sainte Astvatsatsin à Noravank

Le badiv est très lisible au-dessus des deux lettres aip et hi. Sa forme, assez rudimentaire en a), s’arrondit en b) et c). En d), le badiv est particulièrement ornementé.


Un peu d’épigraphie arménienne, page 1

Les églises arméniennes sont des livres ouverts pour les épigraphes. Leurs murs sont couverts de cette belle écriture dont la légende dit que c’est Dieu qui l’inspira à Mesrop à l’orée du Ve siècle. Alors commençons justement avec le nom de Dieu. Il est rarement écrit en entier et c’est généralement sous sa forme abrégée qu’on le trouve. Voici quelques exemples :

a) Dadivank b) Saints-Archanges c) Vank

a) Eglise de Dadivank (XIIIe siècle), dans le Haut-Karabach

b) Eglise des Saints-Archanges (XIIIe siècle), dans le quartier arménien de Jérusalem.

c) Cathédrale de Vank (XVII-XVIIIe siècle), dans le quartier de la Nouvelle-Djoulfa, à proximité d’Ispahan, en Iran.

En arménien, au nominatif et à l’accusatif singulier, Dieu s’écrit Աստուած. Gravé, on ne conserve que l’initiale en majuscule surmonté d’un badiv (a,b,c) et la finale ծ en minuscule est soit intégrée dans l’initiale Ա (a), séparée (b) ou absente (c).

A suivre …

NB : L’épigraphie est l’étude des inscriptions anciennes conservées sur des matières durables. Généralement, il s’agit de textes gravés dans la pierre, mais ça peut être aussi dans le métal ou l’argile.


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