Pour comprendre l’œuvre d’Hannah Arendt, il faut se pencher sur sa vie, ses origines, son histoire personnelle faite d’expériences bouleversantes. Elle est assurément une figure majeure de la philosophie du XXe siècle au niveau mondial, pourtant elle se définissait volontiers simplement comme « political theorist ». Grande connaisseuse de la culture allemande ainsi que de l’histoire et la philosophie de l’antiquité grecque et latine, sa réflexion, nourrie par la largeur de spectre de sa vision, lui permet d’embrasser de grandes questions pour apporter des réponses aux dimensions qui tiennent de la généralisation ou de la théorisation.

Cette étude veut interroger la question de l’« homme en relation » telle qu’Hannah Arendt la pense au sein de son œuvre sur la Condition de l’homme moderne, avec une attention particulière à sa deuxième partie consacrée au domaine public et au domaine privé. Dès le début du livre, Hannah Arendt précise que les hommes, du fait de leur condition de pluralité, partagent une activité qui les place en rapport les uns avec les autres : l’action. En d’autres termes, l’homme ne pouvant vivre seul, interagit et réalise des actions avec d’autres hommes.

Depuis la parution du livre, il y a un demi-siècle, les relations entre les hommes n’ont cessé de bénéficier de nouveaux moyens. Il est intéressant de noter ici que, dans cette même période, la majorité des innovations ont été consacrées aux communications, marquant ainsi la constance de cette préoccupation principale de l’homme moderne. Si Hannah Arendt les avait connus, aurait-elle changé son discours ? La Condition de l’homme moderne aurait-elle été modifiée ? Formulée autrement, la question est de savoir si les invariants mis en évidence par Hannah Arendt sont résistants et toujours opérants pour nous permettre de penser l’irruption de l’informatique, d’Internet et des réseaux sociaux aujourd’hui que l’on considère comme de la même importance que la révolution industrielle.

Dans les jours qui viennent, je publierai la suite de ces réflexions.