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Garni, inscription d’une pierre tombale

Cette inscription figure en tête d’une pierre tombale posée à même le sol (coordonnées pour Google Maps : 40.112838, 44.729515), à quelques dizaines de mètres du temple de Garni (Գառնի en arménien). Ce site est situé à l’est d’Erevan, la capitale de l’Arménie. Ce temple païen est l’un des tout derniers vestiges grecs de l’époque pré-chrétienne.

Cette belle inscription, gravée de remarquables onciales, se lit comme ceci :

։ՅԽԶ։ԹՎ։ Ի ՔՍ
ՓՈԽՑ ՏՐ ՄԱՇԴ

Il faut noter la présence de badiv sur presque tous les groupes de lettres. Le badiv est cette notation spécifique de l’arménien classique qui ressemble à un trait horizontal et signifie que le mot a été abrévié. Le mot arménien badiv se traduit par honneur. Pour figurer les badiv, je place des parenthèses sur les mots surmontés de cette notation.

։ՅԽԶ։(ԹՎ)։ Ի (ՔՍ)
(ՓՈԽՑ) (ՏՐ) (ՄԱՇԴ)

Si nous complétons, en ajoutant des minuscules italisées et en gras, nous avons :

։ՅԽԶ։ԹՎ։ Ի ՔրիստոՍ
ՓՈԽեՑաւ ՏէՐ ՄԱՇԴոց

Ce qui s’analyse ainsi :

  • ։ՅԽԶ։ [de part et d’autre des lettres on trouve « : », il s’agit donc d’un nombre, en l’occurrence 346. Il s’agit d’une date selon l’ancien calendrier. Il faut donc ajouter 551 pour obtenir 897 dans notre calendrier]
  • ԹՎ։ [forme de թուական = (à la) date]
  • Ի [prép. dans +Acc]
  • ՔրիստոՍ [Christ]
  • ՓՈԽեՑաւ [verbe փոխեմ = trépasser, décéder, aoriste médio-passif 3e pers.sg.]
  • ՏէՐ [seigneur]
  • ՄԱՇԴոց [Machtots]

La traduction de cette épitaphe d’une extrême sobriété est :

En l’an 346, le Seigneur Machtots est décédé dans le Christ.

Le Catholicos Machtots Ier (833 – 898) était originaire du village de Elivart, dans la province du Kotayk. Ce même village, trois siècles auparavant, avait donné naissance à un autre catholicos : Movses II (574-604). Son pontificat ne dura que 7 mois (de 897 à 898). Il était le 49e catholicos.

Pour en savoir plus sur le Catholicos Machtots :

NBHL = Nor baúgirì haykazean lezui, 1837, Nouveau dictionnaire de la langue arménienne

Merci à Agnès Ouzounian pour ses conseils qui m’ont aidé dans la rédaction de cette page.


Le Web 2.0 au secours des vieux manuscrits

Ce 24 juillet 2008 a été mis en ligne la reproduction d’une partie d’un des plus anciens manuscrits grecs connu sous le nom savant de Codex Sinaiticus. Sous ce nom latin, un comble pour un manuscrit grec ;-) , c’est à un des tous premiers exemplaires complets de la Bible que nous avons affaire.

Le manuscrit a été découvert au XIXe siècle en Egypte, plus précisément dans le monastère orthodoxe Sainte-Catherine situé dans le Sinaï par un allemand originaire de Leipzig : Konstantin von Tischendorf (1815-1874 ; théologien passionné de paléographie). Ce dernier parcourait le Proche-Orient à la recherche d’anciens manuscrits. C’est en 1844 qu’il rapporta une partie de la Sinaiticus en Europe. 15 ans plus tard, il put la compléter intégralement.

Malheureusement, le manuscrit n’a pas été conservé en entier et fut dispersé. Mais, par chance, nous avons maintenant Internet et les pages éparpillées vont peu à peu s’assembler à nouveau.

En effet, la bibliothèque universitaire de Leipzig (leader technique du projet), la bibliothèque britannique (British Library), la bibliothèque nationale de Saint-Petersbourg et le monastère Sainte-Catherine en Egypte possèdent des pièces du puzzle et se sont entendus pour mettre en ligne, d’ici l’été 2009, l’ensemble du Codex Sinaiticus. Grâce à l’accord de collaboration que les 4 institutions ont signé, la numérisation des pages a commencé, la traduction aussi. Le site est actuellement disponible de façon très inégale en 4 langues (anglais, allemand, russe et grec).

L’ergonomie va certainement encore évoluer. Ce qu’on voit est déjà très engageant et c’est vraiment plaisant de pouvoir lire le texte grec en direct. En effet, la réalisation utilise AJAX et les méta tags se conforment au Dublin Core … Attendons de voir la suite.

« Nous avons photographié à deux reprises chaque page, sous deux angles différents, afin de rendre visibles les détails physiques du parchemin », explique Juan Garcez, responsable du projet. « L’objectif était naturellement de faciliter le travail des chercheurs. Mais c’était important aussi pour nous que le codex soit accessible au plus grand nombre. Il nous montre que la Bible a été copiée à la main, que les scribes étaient humains, qu’ils faisaient des erreurs. Et en même temps, on réalise l’importance de ce texte, qui a suscité un tel souci de transmission, lorsque l’on voit le soin avec lequel il a été corrigé. »

Et si vous pensez que les vieux manuscrits n’intéressent personne, vous vous trompez ! Dès les premières heures de mise en ligne, trois millions d’internautes ont consulté le site. Le serveur n’a pas tenu, rendant le site inaccessible pendant les premières heures.

NB : L’UBL propose ici une réalisation en Microsoft Silverlight.


Traduire le vocabulaire linguistique, suite

Je viens de trouver un complément à mon précédent billet sur le même sujet. Cette fois, c’est à l’Université de Lausanne que l’on doit ce Lexique expérimental français-russe des termes de linguistique.


Lire des articles d’Antoine Meillet en ligne …

Je mettrai à jour ce billet en fonction de mes trouvailles … en attendant, bonne lecture.

La Section de langues slaves de l’Université de Lausanne, option linguistique, et le CRECLECO (Centre de recherches en épistémologie comparée de la linguistique d’Europe centrale et orientale) ont mis en ligne sur leur site un ensemble de 5 articles de linguiste Antoine Meillet :

1911 : « Différenciation et unification dans les langues« , Scientia (Rivista di scienza), vol. IX, V (1911), XVIII, 2; rééd. Linguistique historique et linguistique générale, Paris : Champion, 1921, p. 110-129.

Ce même texte est aussi publié en 1921 avec le même titre « Différenciation et unification dans les langues », dans : Linguistique historique et linguistique générale, Paris : Champion, , p. 110-129.

1915 « Les langues et les nationalités« , Scientia, N° 18, p. 192-201.

1918 « La situation linguistique en Russie et en Autriche-Hongrie« , Scientia, n° 23, 1918, pp. 209-216.

1918 « La langue arménienne« , La Voix de l’Arménie, 1, 1er janvier 1918, pp. 8-11.

1925 « La méthode comparative en linguistique historique« , Paris : Champion.


Rentrée des classes … en 1561, à Orléans

Voici une réclamation adressée en 1561 au roi François II par les Etats généraux d’Orléans. Elle figure aux cahiers de la noblesse.

« Levée d’une contribution sur les bénéfices ecclésiastiques pour raisonnablement stipendier des pédagogues et gens lettrés, en toutes villes et villages, pour l’instruction de la pauvre jeunesse du plat pays ; et soient tenus les pères et mères, à peine d’amende, à envoyer lesdits enfants à l’école, et à ce faire soient contraints par les seigneurs et juges ordinaires ».

Qu’on se le dise !


Persée : Web 2.0 et recherche scientifique

Les sites scientifiques s’emparent avec bonheur du web 2.0 pour nous proposer des interfaces aux usages démultipliés. Les étudiants et les enseignants vont découvrir, si ce n’est déjà fait, que leur cartable se numérise de plus en plus et de mieux en mieux.

Combien de travaux de recherche doivent absolument passer par la recherche bibliographique ? Celle qui consiste à fouiller dans les revues scientifiques étant l’une des plus délicates, on ne peut qu’être heureux de voir ce grand projet percer avec un tel esprit d’ouverture.

L’Université Lumière Lyon 2 a développé le site Persée et en propose depuis peu une nouvelle interface après plusieurs mois de développements.

Persée travaille avec plusieurs partenaires. Ensemble, ils mutualisent leurs collections avec des exigences technologiques claires et précises pour le meilleur profit des utilisateurs. Le club des 5 partenaires est composé de :

Techniquement

Persée s’appuie sur des technologies open-source et des formats ouverts. Une partie des briques logicielles sont libres, d’autres ont été développées en interne par l’équipe lyonnaise. Tout est en Java. L’ensemble des développements sont sous double licence Cecil et GPL. Ils sont donc ré-utilisables pour d’autres programmes de numérisation et de diffusion numérique de documents. La rubrique A propos du site n’est pas avare sur les détails techniques.

Mutualisation

La mutualisation des collections repose sur l’implémentation sur chacun des sites concernés du protocole OAI-PMH. Conformément au protocole, les sites diffusent a minima leurs métadonnées en DC (Dublin Core).

Au-delà de cette diffusion basique, Persée s’est doté d’outils permettant de diffuser et moissonner des données complexes telles que la description des collections, les tables des matières des fascicules et le texte intégral des documents.

La mise en œuvre par Persée de ces échanges de données repose sur l’utilisation des schémas METS, Erudit-article ou TEI. Les schemas XMLMARC et MODS sont également utilisés pour la diffusion des métadonnées.

NB : Persée met à disposition des utilisateurs un forum où l’équipe des concepteurs répond aux utilisateurs.


Traduire le vocabulaire linguistique

Essayez de lire une grammaire dans une langue étrangère … ce n’est pas une mince affaire ! Ce n’est pas tout de comprendre la langue elle-même. Encore faut-il aussi maîtriser un vocabulaire, que dis-je, un jargon que bien peu de dictionnaires donnent.

La Faculté de Philosophie de l’Université de Mannheim (Universität Mannheim, Philosophische Fakultät) a publié le « Multilinguales Glossar grammatischer und linguistischer Fachbegriffe » que beaucoup recherchent. Qu’il en soit remercié !

Ce sont plus de 650 termes qui sont traduits dans les langues suivantes :

  • allemand
  • anglais
  • espagnol
  • français
  • italien
  • russe
  • serbo-croate

Translittération arménienne, que choisir ?

En 1913, Antoine Meillet donne au §9 p.8-9 de son Altarmenisches Elementarbuch un tableau où figurent tous les caractères de l’arménien classique. A chacune des 36 lettres, il associe une translittération,celle que l’on nomme « Hübschmann-Meillet-Benveniste » ou HMB.

Voici les 36 lettres majuscules de l’alphabet arménien classique :
Ա Բ Գ Դ Ե Զ Է Ը Թ Ժ Ի Լ Խ Ծ Կ Հ Ձ Ղ Ճ Մ Յ Ն Շ Ո Չ Պ Ջ Ռ Ս Վ Տ Ր Ց Ւ Փ Ք

Et les 36 lettres minuscules :
ա բ գ դ ե զ է ը թ ժ ի լ խ ծ կ հ ձ ղ ճ մ յ ն շ ո չ պ ջ ռ ս վ տ ր ց ւ փ ք

La translittération dite « Hübschmann-Meillet-Benveniste », ou HMB, est la suivante :
a b g d e z ē ə t῾ ž i l x c k h j ł č m y n š o č῾ p ǰ ṙ s v t r c῾ w p῾ k῾

Il faut noter une imperfection de l’unicode. Le caractère arménien ջ (0×057B), dont la majuscule est Ջ (0×054B), ne possède de translittération que pour sa minuscule : ǰ (0×01F0). Pour combler cet oubli des normalisateurs, Jean-François Perrot propose l’utilisation de la majuscule unicode la plus proche : un J avec un accent circonflexe Ĵ (0×0134).

J’ai repéré 3 sites qui proposent leur solution de translittération. Je les ai testés et voici mes observations :

  • L’outil créé par Translit.cc n’est pas exactement une HMB.
  • L’outil créé par Lexilogos.
  • L’outil créé par un site dédié à la question de la translitteration.
  • L’outil développé par Jean-François Perrot.

Pour vos travaux scientifiques, je ne recommande pas la 1ère solution.

(article mis à jour en nov. 2012)


Arménien ancien : la visualisation Grokker

Parmi les moteurs de recherche, certains sont devenus de grands classiques comme Google. Ils se ressemblent beaucoup : la recherche produit une liste de résultats. D’autres cherchent à se distinguer, à offrir une nouvelle expérience de la recherche, de la présentation des résultats en liste, de la présentation d’une fiche par résultat, etc.

Grokker est un moteur qui met en oeuvre un dispositif de visualisation qui organisent les résultats en cluster. J’ai recherché « arménien ancien ». Il est remarquable de noter qu’un seul cluster porte le nom d’Antoine Meillet, le plus fameux linguiste de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe siècle.

Pour connaitre un peu mieux Antoine Meillet, on peut lire en ligne un article paru en 1905 « Comment les mots changent de sens » et un autre paru en 1915 « Les langues et les nationalités » (Scientia, N° 18, 1915, pp. 192-201).


Moïse de Khorène – Մովսես Խորենացի

Moïse de Khorène est le premier historien arménien de l’Arménie qui nous soit connu.

On sait peu de chose de lui. Moïse est originaire de Khoren, il est donc Khorenatsi et son vrai nom est Movses Khorenatsi. La période à laquelle il vécut reste encore indéterminée. Pour certains historiens, il vécut au IXe siècle, d’autres le situe au VIe siècle, ou encore au Ve siècle. C’est cette dernière hypothèse qui est la plus rationnelle.

Il écrivit une « Histoire de l’Arménie » sur commande du prince Sahak II Bagratouni, vers le Ve ou le VIe siècle.

Comment écrire « Movses Xorenac’i – Histoire de l’Arménie » ?

  • En arménien classique (majuscules) : ՄՈՎՍԷՍ ԽՈՐԵՆԱՑԻ – ՀԱՅՈՑ ՊԱՏՄՈՒԹԻՒՆ
  • En arménien classique : Մովսես Խորենացի – Հայոց պատմութիւն
  • En arménien moderne : Մովսես Խորենացի – Հայոց պատմություն
  • En translittéré (HMB) : Movses Xorenac’i – Hayoc’ patmowt’iwn
  • En russe : Моисей Хоренский – История Армении

Voici quelques ressources textuelles utiles :

  1. La notice publiée par l’ACAM (Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée).
  2. Le texte en arménien classique (projet TITUS de l’Université de Frankfurt am Main).
  3. Le texte traduit en russe.
  4. Le texte traduit en français par Victor Langlois (site de Philippe Remacle).
  5. Le livre numérisé, première traduction française de Victor Langlois. (téléchargeable en pdf, 25.7 mo)
  6. Et la belle traduction française qui nous a été donnée par Annie et Jean-Pierre Mahé, coll. L’aube des Peuples, Gallimard 1993.

Pour finir, quelques liens vers des ressources iconographiques :

  1. Une page d’un manuscrit du IX ou Xe siècle
  2. Une des premières pages d’un manuscrit du XIVe siècle
  3. La première page de l’édition d’Amsterdam de 1695
  4. La première page de l’édition de Londres en 1736

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