Au Matenadaran, l’alphabet des albans (ou albaniens) du Caucase

La visite du Matenadaran, la grande bibliothèque de Erevan où sont conservés tous les plus beaux manuscrits, réserve quantité de surprises. Parmi celles-ci, l’an passé, j’ai pu voir un recueil grammatical du XVe copié au monastère de Metzop, dont l’original date du 10e ou 11e siècle. Ce manuscrit de petites dimensions contient plusieurs alphabets : grec, syriaque, latin, géorgien, copte, arabe … et celui des albans (ou albaniens) du Caucase.

Si on connaît l’Arménie, il n’en est pas de même pour l’Albanie du Caucase. Strabon, auteur grec mort entre 21 et 25 après Jésus-Christ, a écrit une histoire (perdue aujourd’hui) et une géographie (dont la presque totalité nous est parvenue). On peut y lire qu’ : « En Arménie même, il y a nombre de monts et de plateaux… nombre de vallées… comme la vallée de l’Araxe, dans laquelle l’Araxe coule jusqu’à la frontière de l’Albanie et la Koura ». Ptolomée, auteur grec qui vécut près d’un siècle après Strabon, écrit dans sa célèbre géographie que « la Grande Arménie est limitée du nord par une partie de la Colchide, de l’Ibérie et de l’Albanie sur la ligne susmentionnée passant par le fleuve de Kir ».

Chez les latins, Pline l’Ancien raconte que « cette tribu (des Albans) peuplant les monts du Caucase s’étend, comme il fut dit, jusqu’au fleuve de Kir qui forme frontière entre l’Arménie et L’Ibérie. » Pour Plutarque, autre auteur latin,  « Lorsque l’hiver surprit l’armée romaine sur cette terre (en Arménie) et que les Romains célébrèrent les saturnales, les Albans se réunirent au nombre d’au moins quarante mille, passèrent le fleuve de Kir et les attaquèrent », c’est-à-dire qu’ils passèrent sur la rive droite de la Koura. » L’historien romain d’expression grecque Dion Cassius écrit : « Oris, roi des Albans, vivant au-delà de la Kirna ».

L’historiographe arménien P’awstos Biwzandac’i (souvent appelé Faust de Byzance) rapporte que : « (Mouchegh Mamikonian) désigna la Koura comme frontière entre son pays (l’Arménie) et l’Albanie, de même qu’avant ». Sanésan, roi du Maskout, « passa sa frontière, qui était un grand fleuve, et submergea le pays d’Arménie ».

La langue de ce pays, que l’on appelle l’albanais du Caucase, est une langue caucasienne aujourd’hui morte. Selon Koriwn, historiographe arménien du 5e siècle, Maštoc’ aurait aussi créé un alphabet pour cette langue. Le voici :


Le badiv inversé, curiosité ou phantasme ?

Le badiv est une notation spécifique de l’arménien classique qui ressemble à un trait horizontal placé au-dessus d’un mot ou d’une partie de mot. Il signifie que le mot a été abrévié. Le mot arménien badiv պատիւ se traduit par honneur (pour voir un exemple).

Dans la « Grammatica linguae armeniacae » que H. Petermann publie à Berlin en 1837, on peut lire ceci à la page 5 :

La traduction du latin est : (Dieu) pour (Dieu), et j’inverse (a) (dieu) pour un dieu fictif.

Nulle part ailleurs je n’avais vu ce badiv inversé. Et Petermann ne cite malheureusement aucun exemple … Alors curiosité ou phantasme ?


Quelques bons dictionnaires à mettre en favori

Si vous êtes passionnés par les langues comme je le suis, vous avez certainement mis dans vos favoris quantités de dictionnaires et de traducteurs. Je ne vais pas vous en livrer des kyrielles, mais plutôt vous en signaler quelques-uns, de derrière les fagots.

A/ Un site ukrainien http://www.slovnyk.org.ua/ qui propose 32 langues européennes.

  1. de-de Allemand – Allemagne
  2. en-gb Anglais – Royaume-uni
  3. en-us Anglais – USA
  4. be-by Biélorusse – Biélorussie
  5. bg-bg Bulgare – Bulgarie
  6. hr-hr Croate – Croatie
  7. da-dk Danois – Danemark
  8. es-es Espagnol – Espagne
  9. eo-xx Espéranto
  10. et-ee Estonien – Estonie
  11. fi-fi Finlandais – Finlande
  12. fr-fr Français – France
  13. el-gr Grec – Grèce
  14. nl-nl Hollandais – Hollande
  15. hu-hu Hongrois – Hongrie
  16. is-is Islandais – Islande
  17. it-it Italien – Italie
  18. la-va Latin – Vatican
  19. lv-lv Letton – Lettonie
  20. lt-lt Lituanien – Lituanie
  21. mk-mk Macédonien – Macédoine
  22. no-no Norvégien – Norvège
  23. pl-pl Polonais – Pologne
  24. pt-pt Portugais – Portugal
  25. ro-ro Roumain – Roumanie
  26. ru-ru Russe – Russie
  27. sr-rs Serbe – Serbie
  28. sk-sk Slovaque – Slovaquie
  29. sl-si Slovène – Slovénie
  30. sv-se Suèdois – Suède
  31. cs-cz Tchèque – Tchéquie
  32. uk-ua Ukrainien – Ukraine

C’est un projet open source qui mérite d’être soutenu. En l’utilisant, vous pourrez l’améliorer en faisant parvenir à ses auteurs vos remarques.

B/ Le site du petit lion, Léo le traducteur http://dict.leo.org/ qui propose 6 langues.

  1. Allemand
  2. Anglais
  3. Français
  4. Italien
  5. Espagnol
  6. Chinois

C’est un site extraordinaire, je n’ai pas d’autres mots. Pour chaque langue, on a un dictionnaire traducteur qui donne quantité d’occurrences, d’exemples …, on a encore un forum et un entraineur. A essayer d’urgence et vous m’en direz des nouvelles.

C/ Une collection de dictionnaires introuvables en ligne avec http://www.dicfro.org/

La liste serait trop longue. Posez votre tartine de brioche au beurre et allez voir ce site. Génial. Juste pour vous donnez envie, vous allez trouver plusieurs dictionnaires pour chacune des langues suivantes :

  1. Français
  2. Allemand
  3. Anglais
  4. Italien
  5. Portugais
  6. Latin
  7. Espagnol

Et par exemple, pour le français, vous avez les 6 versions du dicitonnaire de l’Académie, le Cotgrave de 1611, l’Estienne de 1552, le Nicot de 1606 … Dicfro fédère plusieurs sources et les met à disposition de façon unifiée.


Gouvernance d’un projet Web 2.0

Les processus de prise de décision ont considérablement évolué dans l’entreprise depuis l’avènement de l’informatique et son utilisation dans tous les domaines de celle-ci. Le terme de gouvernance désigne l’ensemble de ce qu’englobent les nouveaux processus induits. En se concentrant sur les projets du système d’information, la gouvernance touche encore à de très nombreux aspects et acteurs parmi lesquels on ne cite que trop peu les utilisateurs … quand ils ne sont pas franchement oubliés. Dans un projet Web 2.0, ce serait une impasse mortelle. En voici quelques raisons :

Puissance des utilisateurs
Les utilisateurs du Web 2.0 sont aujourd’hui plus matures que ceux du premier Web. Ils sont devenus critiques et s’expriment, qu’ils y soient invités ou non. Forment-ils le groupe le plus influent qui ait jamais existé ou simplement un groupe influent ? Il ne peut plus y avoir, en tout cas, de gouvernance sans que ce groupe ne soit partie prenante.

Puissance de la communauté
Le projet Web 2.0 met en contact plusieurs métiers de l’entreprise. Ce sont autant de communautés plus ou moins formalisées avec leurs habitudes et leurs bonnes pratiques. En piochant dans la panoplie des outils du deuxième Web, plusieurs peuvent être d’un grand profit en matière de gouvernance. On peut s’organiser au niveau de chaque communauté, puis entre communautés.

Puissance du membre
Le Web 2.0 permet à chacun, individuellement, de réagir, de contribuer, d’interagir. L’utilisateur s’identifie pour agir, il se reconnaît dans un groupe ou une communauté qui ne peuvent exister sans lui. Les outils du Web 2.0 portent en eux des vecteurs de valorisation personnelle qu’il est bon de connaître pour s’en servir à bon escient.

Parité
Là où la communauté et l’interaction sont centrales, les utilisateurs sont à parité. Les figures hiérarchiques s’estompent. Ce sont les rôles assurés au sein du projet qui prévalent. Et après la livraison du projet, ce sont les rôles dans le service Web 2.0. Les fiches de description de poste, les contrats de travail commencent à porter des traces de ces changements.

Utilisateurs
Le mot est dépassé par la part que l’utilisateur prend dans le Web 2.0. Le vocabulaire ne s’est pas encore ajusté et certains proposent des néologismes comme « utilis’acteur ». Il faut en effet honorer les dimensions ouvertes par les nouveaux usages du Web : co-auteur, contributeur, collaborateur, consommateur, producteur, etc.


Facteurs de succès du Web 2.0

C’est un fait, nous sommes déjà dans l’ère du Web 2.0. Il ne s’agit plus de se demander s’il faut y aller. Après avoir passer en revue des risques possibles dans mon précédent post, la question est maintenant seulement celle-là : quels sont les facteurs de succès des projets Web 2.0 ?

Les outils ne sont que des moyen

Dans le projet Web 2.0, quand l’entreprise confond la fin et les moyens, elle se met à produire des choses comme « collaborer », « mettre les gens en réseau », « créer des flux RSS », « partager l’information », « créer un mashup », etc. Il ne s’agit que de moyens, pas d’objectifs. En revanche, si elle s’attache à « être plus réactive », « innover plus », « répondre aux besoins des clients », « interagir avec ses partenaires », etc., elle poursuit alors de vrais objectifs.

La gestion du changement

Quand l’entreprise est déjà équipée d’une solution dont la mise en place est un projet long et onéreux, la réussite du passage au 2.0 dépend de la capacité des personnes chargées de gérer le changement à impliquer les collaborateurs, à communiquer sur les usages.

Le réseau social

L’entreprise qui entre dans le monde 2.0 doit en adopter les bonnes pratiques. Cela signifie qu’elle apprend à être 2.0. À ce titre, elle prend place dans les réseaux sociaux et cette exposition maîtrisée l’ouvre notamment :

  • à de nouveaux partenariats ou des partenariats renouvelés ;
  • à des clients contactés par le marketing viral ;
  • au recrutement de « web natives » motivés.

La valorisation des acteurs

Il ne s’agit pas de mettre en place une méritocratie. Les utilisateurs mutent pour devenir des « utilis’acteurs » 2.0 et les outils du Web 2.0, intrinsèquement, savent mettre en valeur la participation pour la favoriser. Ce sont des composants qui ont intégré un mélange de logiques : celle de la roue de Deming et celle de la pyramide de Maslow.

Les données en action

Les données du Web 1.0 étaient publiées pour être lues, celles du Web 2.0 appellent la contribution. Elles héritent de cette capacité plusieurs qualités :

  • les utilisateurs peuvent les améliorer ;
  • sous forme de flux, elles peuvent irriguer ce que l’utilisateur des flux voudra ;
  • des applications composées (mashups) peuvent être réalisées.

Les liens partagés

Dans le Web 2.0, les liens ne sont plus à suivre, mais à partager. Voilà qui promet de tisser des toiles plus solides, faites de brins plus nombreux.

Qualité homogène

L’utilisateur 2.0 n’a pas conscience de l’infrastructure qui opère pour lui. Que les applications soient exploitées dans l’entreprise ou à des lieues de là, en mode SaaS, il ne comprendra pas s’il existe des différences de qualité de services. Pour lui, le système d’information demeure un tout homogène.

La co-création

La participation est une caractéristique fondamentale du Web 2.0. Sa traduction au temps du projet est la possibilité offerte aux utilisateurs d’être co-créateurs de leurs outils.

Des décideurs avertis

Souvent, la pression concurrentielle impose aux projets Web 2.0 de s’inscrire dans des délais très courts. Si les décideurs sont suffisamment au fait du Web 2.0, ils ne feront pas perdre un temps précieux au développement de leur entreprise au moment des choix.

Des leaders impliqués

Les outils du Web 2.0 ont une belle tendance à se moquer de la hiérarchie. Chacun n’est-il pas invité à participer, sans discrimination ? L’implication ou la non-implication des leaders dans le projet se remarquera immédiatement.


Risques du web 2.0

Dans ce post, je veux mettre l’accent sur quelques risques induits par l’utilisation du Web 2.0. Il n’y a pas à s’alarmer, mais cela peut faire réfléchir.

Les trois premiers appartiennent déjà au monde du Web 1.0

1. Diffusion incontrôlée
L’information circule encore plus facilement qu’auparavant et chacun peut accéder aux contenus directement, avec des liens ou avec un moteur de recherche. On se souvient par exemple que lorsque les malversations d’un homme politique cambodgien se sont retrouvées sur Internet, la sphère politique du Cambodge s’en est trouvée bouleversée.

2. Technicisme
L’euphorie nourrie par les innovations technologiques de l’Internet a été la mauvaise conseillère de nombreux projets où les besoins et les usages des utilisateurs n’ont pas été pris en compte. Si vous achetez une perceuse est-ce parce que vous avez besoin d’une perceuse ou parce que vous voulez faire un trou ?

3. Mauvaise anticipation et atermoiement
L’emballement technophile pouvant conduire à une mauvaise anticipation, la confiance des décideurs ne s’établit souvent qu’après que la preuve tangible a été produite. Pendant ce temps, le projet prend du retard.

De nouveaux risques sont apparus avec le Web 2.0.

4. Mécompréhension
Le démarrage effectif du projet Web 2.0 est lié à la compréhension au plus haut niveau de la direction de ce qu’est le Web 2.0, de ses conséquences, de ses impacts, de la puissance opérationnelle qu’il permet et de son contenu effectif. Il peut être perçu comme une « usine à gadgets » — ce qu’il n’est pas —, comme une « prime à l’amusement » — pourquoi alors ne pas le financer sur le budget du CE ? —, comme une vitrine marketing — cela reviendra moins cher de passer une séquence publicitaire télévisée —, ou, pire encore, comme la solution miracle qui remplacera à lui tout seul N applications !

5. Incompréhension technologique
Certains projets Web 2.0 sont freinés par des directions d’entreprise qui disent ne pas comprendre ses technologies. La première des actions à entreprendre consiste à faire comprendre que le débat n’est pas technique, mais qu’il se situe au niveau des usages.

6. Manque de confiance
Alors qu’il est devenu beaucoup plus aisé de publier, le manque de contrôle sur les contenus diffusés à l’aide des outils du Web 2.0 constitue un frein puissant dans les entreprises où la culture locale a toujours consisté à garder la main sur la communication. L’accès aux réseaux sociaux est encore bien souvent bloqué par des DSI qui n’ont pas compris et manque confiance (voir par exemple dans l’article de 01Net).

7. Sécurité
Les utilisateurs sont de plus en plus acteurs ; les systèmes sont de plus en plus ouverts et communiquant ; les données sont plus riches, il faut mieux les protéger ; les services sont exposés, ils peuvent être détournés ; la contribution peut être pervertie : tout concourt à une forte demande de sécurité.


Risques et facteurs de succès du Web 2.0

Le Web 2.0 n’est pas encore complètement stabilisé, balisé, voire banalisé. Le nombre d’acteurs concernés n’a jamais été aussi grand et il ne cesse de croître. Leurs besoins, leurs attentes et leurs exigences sont supérieures à celles du Web 1.0. Souvent, ses utilisateurs ne savent pas faire la différence entre le premier web et le ce web qu’on dit 2.0.

Les risques et les facteurs de succès sont à l’aune de cette croissance. Ce que j’aborderai dans deux prochains posts, l’un sur les risques, l’autre sur les facteurs de succès.


Garni, inscription d’une pierre tombale

Cette inscription figure en tête d’une pierre tombale posée à même le sol (coordonnées pour Google Maps : 40.112838, 44.729515), à quelques dizaines de mètres du temple de Garni (Գառնի en arménien). Ce site est situé à l’est d’Erevan, la capitale de l’Arménie. Ce temple païen est l’un des tout derniers vestiges grecs de l’époque pré-chrétienne.

Cette belle inscription, gravée de remarquables onciales, se lit comme ceci :

։ՅԽԶ։ԹՎ։ Ի ՔՍ
ՓՈԽՑ ՏՐ ՄԱՇԴ

Il faut noter la présence de badiv sur presque tous les groupes de lettres. Le badiv est cette notation spécifique de l’arménien classique qui ressemble à un trait horizontal et signifie que le mot a été abrévié. Le mot arménien badiv se traduit par honneur. Pour figurer les badiv, je place des parenthèses sur les mots surmontés de cette notation.

։ՅԽԶ։(ԹՎ)։ Ի (ՔՍ)
(ՓՈԽՑ) (ՏՐ) (ՄԱՇԴ)

Si nous complétons, en ajoutant des minuscules italisées et en gras, nous avons :

։ՅԽԶ։ԹՎ։ Ի ՔրիստոՍ
ՓՈԽեՑաւ ՏէՐ ՄԱՇԴոց

Ce qui s’analyse ainsi :

  • ։ՅԽԶ։ [de part et d’autre des lettres on trouve « : », il s’agit donc d’un nombre, en l’occurrence 346. Il s’agit d’une date selon l’ancien calendrier. Il faut donc ajouter 551 pour obtenir 897 dans notre calendrier]
  • ԹՎ։ [forme de թուական = (à la) date]
  • Ի [prép. dans +Acc]
  • ՔրիստոՍ [Christ]
  • ՓՈԽեՑաւ [verbe փոխեմ = trépasser, décéder, aoriste médio-passif 3e pers.sg.]
  • ՏէՐ [seigneur]
  • ՄԱՇԴոց [Machtots]

La traduction de cette épitaphe d’une extrême sobriété est :

En l’an 346, le Seigneur Machtots est décédé dans le Christ.

Le Catholicos Machtots Ier (833 – 898) était originaire du village de Elivart, dans la province du Kotayk. Ce même village, trois siècles auparavant, avait donné naissance à un autre catholicos : Movses II (574-604). Son pontificat ne dura que 7 mois (de 897 à 898). Il était le 49e catholicos.

Pour en savoir plus sur le Catholicos Machtots :

NBHL = Nor baúgirì haykazean lezui, 1837, Nouveau dictionnaire de la langue arménienne

Merci à Agnès Ouzounian pour ses conseils qui m’ont aidé dans la rédaction de cette page.


Le Web 2.0 au secours des vieux manuscrits

Ce 24 juillet 2008 a été mis en ligne la reproduction d’une partie d’un des plus anciens manuscrits grecs connu sous le nom savant de Codex Sinaiticus. Sous ce nom latin, un comble pour un manuscrit grec ;-) , c’est à un des tous premiers exemplaires complets de la Bible que nous avons affaire.

Le manuscrit a été découvert au XIXe siècle en Egypte, plus précisément dans le monastère orthodoxe Sainte-Catherine situé dans le Sinaï par un allemand originaire de Leipzig : Konstantin von Tischendorf (1815-1874 ; théologien passionné de paléographie). Ce dernier parcourait le Proche-Orient à la recherche d’anciens manuscrits. C’est en 1844 qu’il rapporta une partie de la Sinaiticus en Europe. 15 ans plus tard, il put la compléter intégralement.

Malheureusement, le manuscrit n’a pas été conservé en entier et fut dispersé. Mais, par chance, nous avons maintenant Internet et les pages éparpillées vont peu à peu s’assembler à nouveau.

En effet, la bibliothèque universitaire de Leipzig (leader technique du projet), la bibliothèque britannique (British Library), la bibliothèque nationale de Saint-Petersbourg et le monastère Sainte-Catherine en Egypte possèdent des pièces du puzzle et se sont entendus pour mettre en ligne, d’ici l’été 2009, l’ensemble du Codex Sinaiticus. Grâce à l’accord de collaboration que les 4 institutions ont signé, la numérisation des pages a commencé, la traduction aussi. Le site est actuellement disponible de façon très inégale en 4 langues (anglais, allemand, russe et grec).

L’ergonomie va certainement encore évoluer. Ce qu’on voit est déjà très engageant et c’est vraiment plaisant de pouvoir lire le texte grec en direct. En effet, la réalisation utilise AJAX et les méta tags se conforment au Dublin Core … Attendons de voir la suite.

« Nous avons photographié à deux reprises chaque page, sous deux angles différents, afin de rendre visibles les détails physiques du parchemin », explique Juan Garcez, responsable du projet. « L’objectif était naturellement de faciliter le travail des chercheurs. Mais c’était important aussi pour nous que le codex soit accessible au plus grand nombre. Il nous montre que la Bible a été copiée à la main, que les scribes étaient humains, qu’ils faisaient des erreurs. Et en même temps, on réalise l’importance de ce texte, qui a suscité un tel souci de transmission, lorsque l’on voit le soin avec lequel il a été corrigé. »

Et si vous pensez que les vieux manuscrits n’intéressent personne, vous vous trompez ! Dès les premières heures de mise en ligne, trois millions d’internautes ont consulté le site. Le serveur n’a pas tenu, rendant le site inaccessible pendant les premières heures.

NB : L’UBL propose ici une réalisation en Microsoft Silverlight.


Traduire le vocabulaire linguistique, suite

Je viens de trouver un complément à mon précédent billet sur le même sujet. Cette fois, c’est à l’Université de Lausanne que l’on doit ce Lexique expérimental français-russe des termes de linguistique.


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